Cher·ère membre de Forest Stewardship Council,
Je vous écris pour vous demander de prendre part à un bref, mais important processus de consultation lancé par le Forest Stewardship Council (FSC). Pour ce faire, nous vous invitons à soumettre une courte réponse à une question simple qui pourrait néanmoins avoir d’importantes implications pour la politique du FSC interdisant l’utilisation d’arbres génétiquement modifiés (GM). Veuillez participer à la consultation publique portant sur l’interprétation de la définition des organismes génétiquement modifiés (INT-FSC-STD-01-001_19). Vous devez soumettre votre réponse d’ici le 28 septembre 2025.
Nous vous demandons de rédiger votre réponse afin de soutenir celle faite par le FSC à la question suivante : « Est-ce que les arbres dont le génome a été modifié à l’aide de techniques CRISPR doivent être considérés comme des “organismes génétiquement modifiés” selon la définition qu’en donne le FSC? » FSC a correctement répondu par l’affirmative à cette question, confirmant que les organismes issus de techniques d’édition du génome fondées sur le système CRISPR doivent être considérés comme des organismes génétiquement modifiés (OGM). La réponse complète du FSC est la suivante : « Oui, la définition d’organisme génétiquement modifié englobe également les organismes dont le matériel génétique a été modifié à l’aide des techniques modernes d’édition du génome fondées sur le système CRISPR. La partie de la définition qui mentionne “modifié d’une manière qui ne s’effectue pas naturellement” est interprétée comme faisant référence à la fois au résultat, soit la modification génomique, et au processus permettant de l’induire, et conséquemment, toute technique de génie génétique est englobée par la définition d’OGM. »
La réponse du FSC est exacte. Or, il est important d’appuyer cette dernière, car certains fabricants de pâte de bois et centres de recherche en biotechnologie se livrent à des activités de lobbying afin que la définition de génie génétique soit modifiée de sorte que les arbres issus de l’édition du génome ne soient pas considérés comme des OGM.
L’industrie biotechnologique déploie une stratégie mondiale visant à faire en sorte que les produits issus des nouvelles techniques de l’édition du génome, également appelée édition de gènes, soient considérés comme « non génétiquement modifiés » afin qu’il y ait moins de réglementation gouvernementale et que ces produits bénéficient d’une réception favorable du public. Par exemple, Sofia Valenzuela, une chercheuse renommée qui travaille sur les arbres GM au Chili, a souligné l’importance de recourir à l’édition du génome pour promouvoir la commercialisation des arbres GM : « Il a fallu se battre longtemps pour commercialiser les arbres GM, et après presque trois décennies, nous ne sommes pas parvenus à faire autoriser leur usage. Or, je constate que l’édition du génome nous offre une nouvelle possibilité d’intégrer ces arbres aux plantations commerciales. » https://allianceforscience.org/blog/2019/09/interview-global-potential-forest-biotechnology/.
Toutefois, comme l’a indiqué le FSC, l’édition du génome est une forme de génie génétique. Veuillez consulter l’introduction qui accompagne cette lettre et qui explique pourquoi l’édition du génome est une forme de génie génétique.
Comme vous le savez déjà, le FSC bannit l’usage d’arbres GM dans les zones certifiées FSC, et il refusera toute association avec des organisations qui sont directement ou indirectement impliquées dans le déploiement commercial d’arbres GM. Cette importante politique permet de protéger les écosystèmes forestiers des risques inconnus que posent les OGM, y compris ceux créés à l’aide de l’édition du génome.
La modification génétique d’arbre comporte des risques, même lorsque ce processus est réalisé à l’aide des nouvelles techniques d’édition du génome. Les approches de modification génétique, incluant l’édition du génome, engendrent souvent des modifications inattendues et des conséquences imprévues. L’introduction dans l’environnement d’arbres GM entraînerait de graves risques pour les forêts et les autres écosystèmes, de même que pour plusieurs communautés locales et peuples autochtones. Les conséquences environnementales pourraient être irréversibles. La contamination par les OGM est une forme de pollution vivante capable d’autoréplication, et une fois que la contamination des forêts par des OGM commence, il peut être impossible de l’empêcher de progresser.
Nous réitérons que la nette opposition du FSC à l’utilisation d’arbres GM est essentielle à la protection des écosystèmes forestiers.
Nous nous opposons aux tentatives de l’industrie biotechnologique de modifier génétiquement des arbres, et exigeons l’arrêt de ces recherches inutiles et dangereuses.
Nous sommes à votre disposition à tout moment pour répondre à vos questions ou discuter plus amplement de cet enjeu.
Merci de prendre le temps de soumettre votre réponse au FSC dans le cadre de cette consultation. Cordialement, Lucy Sharratt, Le Réseau canadien d’action sur les biotechnologies (RCAB)
Le Réseau canadien d’action sur les biotechnologies (RCAB) possède une expérience vaste et diversifiée en matière de suivi et d’évaluation des enjeux de justice environnementale et sociale que soulève l’utilisation du génie génétique. Rassemblant 15 groupes répartis à travers le Canada, le RCAB effectue de la recherche, du suivi et du travail de sensibilisation sur l’incidence du génie génétique sur la souveraineté alimentaire et la justice environnementale. Le RCAB, dont les membres sont des associations d’agriculteur·rice·s, des organisations promouvant la justice environnementale et sociale ainsi que des coalitions régionales de groupes communautaires, travaille également en partenariat avec des groupes alliés à travers le monde. Le RCAB est un projet faisant partie de la plateforme partagée de MakeWay, un organisme de bienfaisance enregistré au Canada. https://rcab.ca/ogm/enjeux/arbres-ogm/.